Le bulletin de l’ECiDé – Janvier 2020

Introduction

L’Engagement pour la Citoyenneté et le Développement est, comme son nom l’indique, un parti qui fonde sa vision de la société congolaise sur le citoyen. C’est à travers ce dernier et son engagement que le Congo deviendra un État digne et prospère. En tant que parti, nous aimons rappeler qu’un citoyen a des droits que lui confère son humanité et la Constitution de la République, mais il a également des devoirs dont il/elle doit s’acquitter pour le bien-être de la collectivité.

Dans ce premier volet de notre bulletin mensuel, nous faisons un tour d’horizon de certains sujets d’actualité qui méritent d’être traités en profondeur.

1. La corruption bat des records

La République Démocratique du Congo peine à prendre son envol du fait notamment de la corruption endémique qui gangrène la société. Le phénomène est d’une ampleur telle que certains n’hésitent pas à le banaliser sous le fallacieux prétexte que ce sont des « pratiques de chez nous » ou encore « coop ». Un tel état d’esprit est à bannir des mœurs congolaises. La culture de la transparence et de la redevabilité doit être érigée en modèle et élevée en force de loi. Nous en sommes capables.

Tour d’horizon de quelques faits marquants en matière de corruption :

L’ODEP dans un rapport publié en Décembre 2019 note « des projets sur-financés et surfacturés ».

Le très sérieux site d’information en ligne DESKECO.COM a évalué à $1.359 milliards de dollars les « 10 scandales financiers de 2019 ».

Selon l’ONG Transparency international la RDC a chuté de 10 places sur l’indice de perception de la corruption en 2019 par rapport à 2018.

Pour la première fois, des congolais se disant victimes de corruption suite à la vente d’actifs miniers sur le territoire congolais ont porté plainte à l’international. Il s’agirait de 32 000 victimes et 700 ex-employés.

2. La crise s’accentue en RDC

En février 2019, avant d’entamer une tournée de sensibilisation à l’intérieur du pays, le Président élu, Martin Fayulu, avait envoyé une lettre à l’Union Africaine pressant cette Institution de faire tout ce qui était en son pouvoir pour juguler la crise de légitimité née des élections frauduleuses de décembre 2018.

Dans le même élan, il avait entamé une tournée Euro-Américaine pour vulgariser sa proposition de sortie de crise auprès des partenaires de la RDC. Le contenu élaboré de cette proposition a été dévoilé publiquement devant des ‘’Think Tank’’ de renom: CSIS à Washington DC et Chatham House à Londres.

Concrètement, il s’agit d’engager des réformes urgentes au niveau notamment de la commission électorale (CENI) et de la Cour Constitutionnelle et procéder dans les plus brefs délais à l’organisation d’élections anticipées afin de restaurer le peuple congolais dans son statut de souverain primaire de sorte que les institutions du pays bénéficient de la légitimité nécessaire pour amorcer le développement durable de la nation.

Face à la paralysie du pays, consécutive au deal mafieux qui enchaîne le fonctionnement régulier des institutions, plusieurs voix s’élèvent et abondent désormais dans le sens du Président Fayulu. C’est notamment le cas de L’Eglise du Christ au Congo (ECC), de l’ancien candidat à l’élection Présidentielle Alain Shekomba, et de l’Association Congolaise pour l’Accès à la Justice, (ACAJ).

3. Une gouvernance entre amateurisme et incompétence

Hormis les scandales financiers, l’année qui vient de s’écouler a mis en exergue la nécessité, mieux l’importance pour la RDC de se doter d’un leadership compétent et visionnaire pour le pays. Le gouvernement illégitime qui dirige actuellement le pays est le fruit d’un deal fondé sur la préservation des intérêts mafieux d’un groupe d’individus au détriment des intérêts du peuple. Nous vivons ce que le Président Fayulu avait qualifié « d’équilibre instable » ou « stop and go ».

Par ailleurs, au regard du retard dramatique que la RDC a pris sur le reste de l’Afrique et du monde, un tel flottement est simplement inacceptable. En effet, après 18 ans de Kabilisme et son bilan catastrophique que l’on connaît, les congolais étaient en droit de reprendre leur destin en mains et se doter de dirigeants capables de répondre à leurs aspirations légitimes et améliorer leurs conditions de vie.

A ce sujet, le quotidien belge La Libre a fait des révélations spectaculaires sur les dessous de ce qu’elle qualifie de « jeu de dupes à l’échelle continentale » où « la voix des Congolais n’aura eu aucun poids. »

Non au populisme 

Afin d’occulter son déficit de légitimité, le nouveau régime a déployé le paravent de la gratuité de l’enseignement. Cette mesure, garantie par la Constitution et qui, en réalité, ne devrait souffrir d’aucun débat, sauf celui de sa planification rationnelle, a été malheureusement utilisée à des fins propagandistes. Elle n’a été ni pensée, ni budgétisée en amont. Résultat, il règne en RDC une cacophonie généralisée dans le domaine de l’éducation, un désordre qui ne profite à personne, ni aux parents, ni aux élèves, ni aux enseignants. Prendre ainsi en otage l’éducation de nos enfants pour s’attirer la sympathie d’une partie de la population est non seulement une faute morale lourde mais relève surtout de l’irresponsabilité.

La gabegie financière

Le pouvoir illégitime de Kinshasa multiplie les vadrouilles à l’étranger tantôt pour demander des fonds auprès des partenaires extérieurs tantôt pour faire de la figuration dans des forums internationaux. En même temps, les frais occasionnés par ces déplacements font exploser les dépenses publiques. Et la composition pléthorique des délégations qui accompagnent les « autorités » de Kinshasa pose effectivement la question du sérieux que l’on peut accorder au fils biologique du Sphinx et sa suite.

A titre d’exemple, le parlement a validé une proposition de loi de finances qui chiffre à 11 milliards le budget pour l’exercice 2020. Aucun observateur sérieux ne croit en ce budget farfelu qui, à lui seul, prouve l’incompétence et l’amateurisme du nouvel exécutif imposé aux congolais. En effet, un budget de 11 milliards représente une augmentation de près de 100% par rapport à l’exercice précédent. Les conditions structurelles ne sont pas réunies actuellement pour que la RDC fasse un tel exploit. Le site d’analyse Intelcongo se pose, à juste titre, la question de savoir si le budget est démagogique.

Dans le même registre le département économique de l’ambassade de France le juge «irréaliste».

Dernier de la classe en matière de démocratie

Une des grandes leçons de la fraude électorale de 2018 en matière de géopolitique c’est le constat d’un repli universel de la défense de la démocratie. Le monde de 2020 est un ensemble hétérogène où, même ceux qui jadis défendaient les principes démocratiques et suscitaient un certain espoir chez les peuples opprimés du monde, transgressent allègrement les règles au mépris de la morale.

Le quotidien français, La Croix, illustre bien ce qui s’est passé en RDC lorsqu’il constate que « non seulement, plus personne ne conteste les conditions de son [Felix Tshisekedi] élection, mais en plus, il est accueilli et soutenu avec chaleur et empressement par l’ensemble de la communauté internationale : de l’Union africaine à Pékin, de Londres à Paris, de Washington à l’ONU.»

Ce que le quotidien omet de dire, c’est que c’est déjà la douche froide dans ces capitales face à l’incapacité et au manque de volonté du locataire de la cité de l’UA de rompre avec le statu quo. Heureusement pour la postérité, les chiffres ne mentent pas et les observateurs sérieux sont conscients que ce simulacre d’alternance ne fait que retarder un peu plus l’émergence d’une RDC stable. Pour nuancer le révisionnisme ambiant, il sied de se pencher sur le nouveau classement 2019 de ‘’The Economist Intelligence Unit’’ qui classe la RDC à l’avant dernière place mondiale en matière de démocratie. Plus symbolique encore, nous sommes bon dernier en Afrique.

4. Sécurité/Balkanisation

Sur l’ensemble du territoire national, la situation sécuritaire est très précaire. L’ancien Président Joseph Kabila garde une mainmise dangereuse sur l’ensemble de l’appareil sécuritaire du pays. Hors, depuis son accession à la tête du pays en 2001, il a stratégiquement su créer des poches d’instabilité pour avancer son agenda politique (M23, CNDP, Kamuina Nsapu etc…). Cela ne saute pas clairement aux yeux de bon nombre de congolais et d’experts internationaux mais la stratégie du clan Kabila consiste, en partie, à opposer les Congolais les uns contre les autres en attisant la haine tribale pour bénéficier économiquement du chaos. Le découpage des provinces réalisé dans la précipitation participe de cette stratégie. En effet, même si le concept de décentralisation est bon en théorie, son exécution de manière précipitée (à dessein) et sans aucune planification, comme c’est le cas aujourd’hui, tend à produire des effets pervers et potentiellement catastrophiques sur la cohésion nationale. Ainsi, le clan Kabila s’est approprié des régions entières et les gère telles des principautés. Cela constitue une aubaine pour les groupes armés et les réseaux mafieux internationaux. En conséquence, la cohésion nationale pourtant le seul grand héritage de la 2e république est mise à mal. Felix Tshisekedi apparaît donc comme une pièce de choix dans ce puzzle maléfique pensé et orchestré à partir de Kingakati.

Un climat d’insécurité généralisé dans le pays

Les violences à l’Est du pays sont elles aussi en augmentation par rapport aux années précédentes. Un rapport de Kivu Security détail ce recul significatif en matière de sécurité.

Chaque jour apporte son lot de massacres à Beni et en Ituri particulièrement. Et malgré la communication souvent mensongère du gouvernement illégitime, les populations locales continuent de vivre dans la terreur. Le Président Martin Fayulu a pu s’enquérir de la situation a maintes reprises tout au long de l’année 2019 lorsqu’il est allé au contact des populations dans plusieurs zones à haut risque.

Son dernier voyage à Beni en décembre 2019 a apporté son lot de révélations sur les carences sécuritaires de l’État congolais et pire encore sur la présence en son sein d’éléments infiltrés.

A la lumière de ces graves révélations, l’on comprend mieux pourquoi la Direction Générale des Migrations (DGM) a tenté de l’empêcher de s’y rendre afin d’étouffer cette énième vérité qui gêne.

Fayulu replace les sujets importants au centre de l’actualité

Le Cardinal Ambongo s’est également rendu à Beni dans la foulée de la visite de Martin Fayulu et lui a emboité le pas pour sonner l’alarme sur le risque encouru de balkanisation si rien n’est fait pour restaurer l’autorité de l’État sur toute l’étendue du territoire. Une autorité qui, bien évidemment, est concomitante à la légitimité et qui ne saurait être matérialisée sans l’organisation des élections crédibles anticipées à l’issue desquelles le choix souverain des congolais sera respecté.

Suite à la sortie du prélat congolais, l’opinion congolaise s’est enflammée. Son statut de Cardinal lui permet de transcender certains clivages et un début de prise de conscience nationale s’est enclenché. Enfilant sa tenue de pédagogue, en grand habitué des présentations PowerPoint qu’il a hérité du monde des affaires anglo-saxon, Martin Fayulu a présenté, aidé par les déclarations du Cardinal, les conclusions de ses observations à Beni sur l’avancée du processus de balkanisation.

A son tour, le Révérend André Bokundoa, Président national de l’Église du Christ au Congo a lui aussi dénoncé le plan de balkanisation et a « tiré la sonnette d’alarme pour interpeller notre conscience collective » .

Toujours au sujet de la balkanisation, le chercheur franco-camerounais Charles Onana s’est fendu d’un article dans le site intelcongo dans lequel il affirme que « Même au sein de l’armée congolaise, des langues commencent à se délier pour dire que le pays est en danger. »

Si certains doutent encore des velléités de certains ennemis de la nation congolaise, nous vous renvoyons à ces déclarations faites par un « bloggeur » rwandais sur sa chaine nationale. De concert avec un panel acquis à sa cause il prépare les esprits en avançant la thèse selon laquelle le Kivu aurait appartenu dans le passé à son pays (min 18 :17). Cette sortie fait suite à une tribune truffées de contre-vérités paru dans Jeune Afrique signé par le même bloggeur et à l’agitation suspecte du ministre d’État rwandais Olivier Nduhungirehe, lui-même invité du panel.

Conscients des dangers qui guettent le pays et soucieux de garder la population éveillée, la Coalition Lamuka a organisé des marches pacifiques sur toute l’étendue du territoire et dans des capitales occidentales pour sensibiliser l’opinion nationale et internationale sur la problématique sécuritaire de l’Est et l’intégrité du pays. Mis devant sa responsabilité face à ce drame, le régime autoritaire de Kabila/Tshisekedi a violemment réprimé cet élan patriotique.

Note : Le projet de balkanisation de la RDC est un monstre à plusieurs têtes. Beaucoup d’observateurs font l’amalgame avec des épiphénomènes. Nous invitons les congolais en particulier à regarder l’histoire des nations qui ont été morcelées au cours du 21ème siècle pour anticiper le futur et déjouer ce scenario funeste qui est subtil et étalé sur la durée. Car, dit-on, un homme/femme avertit en vaut deux. Aussi, rien ne dédouane la responsabilité lourde des dirigeants congolais qui par leur mauvaise gestion et cupidité sont complices de ce processus.

Le mal est profond

Bien que Beni occupe le devant de l’actualité, partout dans l’Est du pays on observe des mouvements de populations causés par des groupes étrangers qui opèrent sous-couvert de « lutte de libération » mais qui, en réalité, font le lit d’intérêts obscurs.

Selon un rapport des Nations unies, les violences commises en Ituri, dans le nord-est de la RDC, pourraient être considérées comme des crimes contre l’humanité, voire des crimes de « génocide ».

Dans ce jeu d’échec multidimensionnel, les ennemis de la RDC recourent à la stratégie militaire la plus efficace : celle du cheval de Troie ou « entrisme » et « noyautage » dans le jargon des sciences politiques. Très concrètement, on pénètre les lignes de l’adversaire (congolais) en l’infiltrant et en prenant le contrôle d’abord de l’appareil militaire, puis politique et finalement administratif. Plusieurs généraux de l’armée congolaise ne sont ni plus ni moins que d’anciens rebelles qui ont été brassés dans l’armée congolaise avec la complicité (parfois naïves) des autorités de Kinshasa à la solde d’États étrangers. Il s’agit là de faits de haute trahison.

5. Social

La dépréciation du franc congolais et la flambée des prix de certaines denrées de base assènent un coup fatal au panier de la ménagère. Les congolais qui font déjà face à une économie qui fonctionne au ralenti depuis des années sont au bord de l’essoufflement.

Le peuple est asphyxié 

Les sanctions américaines, que nous saluons au passage, visent également certains opérateurs économiques qui ont une main mise sur l’approvisionnement de certains produits de première nécessité. Cette pression, à laquelle ils sont désormais contraints, cause des dommages collatéraux auprès d’une population prise en étau entre des monopoles indûment acquis par des opérateurs douteux sous la présidence Kabila et la volonté de certains pôles de l’administration américaine de porter un coup mortel à la nébuleuse financière Kabila.

Tension dans les universités

Partout dans le pays, les étudiants grondent contre des conditions de vies inhumaines et la hausse des frais académiques. Les universités, ces hauts lieux du savoir et de la connaissance sont devenus des zones de conflits. N’ayant aucune solution à apporter aux revendications pourtant légitime des étudiants, le régime illégal de Kabila/Tshisekedi a entrepris de réprimer dans le sang tout mouvement de contestation.

Conclusion

Le mois de Janvier donne le tempo de ce que sera le reste de l’année 2020 en République Démocratique du Congo. Malheureusement, les faits n’augurent pas des lendemains meilleurs pour la population congolaise. C’est ainsi que le combat pour la vérité des urnes reste d’actualité car le respect de l’expression du souverain primaire est le seul gage de stabilité et de développement durable pour un pays. On peut essayer d’étouffer la vérité, ou la tordre mais tôt ou tard les dynamiques sociologiques viennent mettre les acteurs devant l’impossibilité de construire un projet sérieux sur le mensonge et sur le faux. Notre pays a besoin de bases solides. Tant que celles-ci ne seront pas posées nous vivrons un éternel recommencement. C’est pourquoi nous encourageons les congolais partout où ils se trouvent à lire et à intérioriser notre loi fondamentale, la Constitution, et plus particulièrement son exposé des motifs qui renseigne sur la source de nos maux. A savoir :

« Depuis son indépendance, le 30 juin 1960, la République Démocratique du Congo est confrontée à des crises politiques récurrentes dont l’une des causes fondamentales est la contestation de la légitimité des Institutions et de leurs animateurs. »

Avant d’ajouter :

« En vue de mettre fin à cette crise chronique de légitimité et de donner au pays toutes les chances de se reconstruire, les délégués de la classe politique et de la Société civile, forces vives de la Nation, réunis en Dialogue intercongolais, ont convenu, dans l’Accord Global et Inclusif signé à Pretoria en Afrique du Sud le 17 décembre 2002, de mettre en place un nouvel ordre politique, fondé sur une nouvelle Constitution démocratique sur base de laquelle le peuple congolais puisse choisir souverainement ses dirigeants, au terme des élections libres, pluralistes, démocratiques, transparentes et crédibles. »

Les observateurs ou autres experts de la vie politique congolaise auront beau redoublé d’imaginations pour tenter de refaire le Congo, mais in fine tant que nous n’en finirons pas avec ce cycle infernal de l’illégitimité de nos institutions, il nous sera impossible d’aller de l’avant.

En ce qui concerne l’ECiDé, nous continuons à fournir un travail minutieux d’éveil des consciences. Sous le leadership du Président Fayulu, le commandant du peuple, nous continuerons sans relâche à défendre les intérêts du peuple congolais.

Le Bureau d’études

Message de Martin FAYULU du 30 décembre 2019 à la nation.

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