Notre bulletin du mois de mars 2020 se penche essentiellement sur les grandes lignes des thèmes suivants : Politique, Justice, Économie et Social, Gouvernance, Sécurité / Géostratégie et Santé / COVID-19 

 

1. Politique 

 

Rappel de l’imposture démocratique

Le climat politique en RDC est morose, car caractérisé par une forme de frustration de la population depuis la présidentielle 2018 et le détournement de l’expression démocratique des Congolais. Cette crise née des élections du 30 décembre 2018 continue à se faire sentir malgré le soutien tacite de la communauté internationale à ce holdup up électoral et aux institutions illégitimes dont elles sont issues.

L’amateurisme ou l’incompétence au sommet de l’Etat

La coalition FCC/CACH n’est pas en mesure de trouver des solutions à la crise multidimensionnelle qui déchire la RDC, surtout que, en son sein, les idées divergent et un fort malaise s’y est installé.  Comment pouvait-il en être autrement ?

La désacralisation de la fonction présidentielle

C’était d’ailleurs ce malaise interne qui a constitué un des points importants inscrits à l’ordre du jour de la récente rencontre entre Messieurs Kabila et Tshisekedi à Nsele. A en croire le communiqué de Vital Kamerhe, les deux leaders de la coalition au pouvoir ont reconnu ce fait. Ce tiraillement au sommet de l’Etat dont deux individus, se disputent la main mise sur la chose publique, a fini par désacraliser le pouvoir d’État.

Le Leader du vaillant peuple congolais dénonce l’incurie au pouvoir

Réagissant au communiqué qui sanctionnait cette rencontre entre Messieurs Kabila et Tshisekedi, le Président élu, Martin Fayulu a dénoncé, à juste titre, la distraction orchestrée par cette coalition qui selon lui  opère une stratégie de « stop and go » et de ‘’l’équilibre instable’’ pour détourner la population des véritables enjeux . De l’enfumage, comme pour cacher son incapacité et son incompétence à donner des solutions aux vrais problèmes des Congolais

Le désamour entre les dirigeants de l’UDPS et leurs militants

Cette crise au niveau de la coalition  ruisselle sur les structures de l’UDPS où les militants ont appelé à la démission de Jean-Marc Kabund et Kabuya pour enrichissement illicite et violation des statuts.

Ainsi, des graves incidents ont eu lieu le 12 mars dernier lors d’une manifestation des militants. La police est intervenue à coup de gaz lacrymogène pour disperser les manifestants. Car, la «base » se sent de plus en plus flouée. Ces troubles traduisent la conception mercantile du pouvoir que se font les dirigeants de ce parti. 

Quelques organisations de la société civile en quête de la crédibilisation du processus électoral

Le 5 mars 2020, 4 organisations de la société civile se sont réunies en Consortium, dans le but de mutualiser leurs efforts pour contribuer à l’amélioration du processus électoral en RDC. Il s’agit de Missions nationales d’Observation Electorale (MOE) ; Agir – pour des Elections – Transparentes – et Apaisées (AETA) ; la Commission Episcopale Justice et Paix/CENCO (CEJP/CENCO) ; l’Eglise du Christ au Congo (ECC) ; et la Synergie des Missions d’Observation Citoyenne des Élections (SYMOCEL).

Le regard rétrospectif pour une bonne perspective électorale

Cette initiative serait louable si elle se limitait dans le cadre de réflexion au sein de la Société Civile pour faire des suggestions à la classe politique. Elle pèche surtout par le fait qu’elle ne prend pas en compte la crise de légitimité née des élections du 30 décembre 2018 en ce qu’elle se propose de présenter ces suggestions de réforme à l’actuelle Assemblée Nationale, illégitime du reste. Le Consortium soutient “qu’une feuille de route sanctionnera ledit Forum pour baliser le chemin des parlementaires dans les réformes nécessaires, qui conformeraient davantage les élections en RDC aux normes internationales de justice, de transparence et d’équité électorales”.

Comment peut-on penser que du faux peut naître le vrai ? 

 

Elections de 2018 : les confessions d’un cadre démissionnaire de la CENI

Le 27 mars 2020, Olivier Mayembe Mukunati, expert électoral, qui vient de démissionner de la CENI (Commission électorale nationale indépendante), considérée comme acquise à Joseph Kabila, a publié une lettre ouverte à « Tonton et Frère en Christ Martin Fayulu », pour dire « la vérité sur la vérité des urnes », au sujet des élections très controversées de décembre 2018.

 

La nouvelle approche diplomatique des USA aux Grands Lacs

Sur le plan diplomatique, les USA ont  nommé Peter Pham, leur envoyé spécial pour la région des Grands Lacs, comme nouvel envoyé spécial pour la région du Sahel. D’aucuns soutiennent que “c’est un nouveau poste spécialement créé pour lutter contre la multiplication des violences liées à Al-Qaïda et l’organisation Etat islamique dans la région de Sahel. Rappelons que lors de son récent passage en RDC, M. Peter Pham, accompagné de l’ambassadeur Mike Hammer, avait été reçu par le Président Martin Fayulu pour faire le point sur la situation de crise politique en RDC. Son remplacement n’a pas été annoncé.

 

2. Justice 

 

L’indépendance du pouvoir judiciaire en RDC, un mirage

1. Félix TSHILOMBO rappele à qui veut l’entendre sa volonté d’instaurer l’État de droit en RDC. Pourtant, il interfère régulièrement dans le cours de la justice, c’est notamment le cas dans le dossier des ‘’sauts-de-mouton’’.

Le 3 mars 2020, Kinshasa se réveille sous la rumeur de la mort du Général Kahimbi. Plus tard dans la journée, sa mort est confirmée officiellement mais les circonstances de ce décès demeurent floues. C’est ainsi que l’état-major met en place une commission d’enquête pour déterminer les causes exactes de son décès.

Quelques jours après, M. Tshisekedi affirme lors d’un conseil des ministres qu’il y a des traces de strangulation sur le corps du Général alors que l’affaire était déjà en cours d’instruction. Cela au moment même où, il a prétendu avoir diligenté une enquête indépendante de la Monusco. Cette dernière par son porte parole Mathias Gillmann a déclaré le lundi mars à radiookapi: “ la monusco n’est pas mandatée pour mener des enquêtes. Nous avons des compétences techniques et scientifiques en matière de médecine et d’analyse médico légale. C’est dans ce domaine là que les autorités congolaise nous on demandé un soutien que nous avons apporté conformément à ce que nous essayons de faire.”  

 

3. Economie et social

 

Le slogan « le peuple d’abord » devient un lointain et amer souvenir 

Pendant que la population croupit dans  une misère indescriptible avec moins de 1 dollar par jour, le parlement congolais censé protéger les intérêts du peuple,  octroie une pension annuelle exorbitante et injustifiée aux Présidents honoraires de l’Assemblée nationale, du Sénat et aux anciens vice-présidents du Pays de l’époque  1+4.

 

4. Gouvernance

 

Tshisekedi a promis la bonne gouvernance et une gestion orthodoxe des finances publiques de l’Etat. Contre toute attente, l’épicentre de la prédation à grande échelle s’installe allégrement à la présidence de la République et l’an 2020 proclamé “l’année des actions”, à grand renfort médiatique lors de son adresse à la nation, n’est qu’un leurre. 

 

5. Sécurité et Géostratégie

 

Le laxisme ou l’atrophie de la puissance publique

Plus de 1.600 ressortissants burundais, adeptes d’une secte mystico-religieuse ont débarqué clandestinement dans la province du Nord Kivu, plus précisément dans la ville de Goma. Et tout ceci, sous le silence assourdissant du gouvernement central censé protéger et défendre le territoire national.

 

Cette transhumance à grande échelle met une fois de plus à nu :

– La porosité de nos frontières et le laxisme de nos services de migration;

– Les velléités de certains pays voisins d’occuper des portions des terres congolaises. 

A ce jour, ces ressortissants burundais ont pris le chemin de retour vers leur terre natale sans que le gouvernement ne s’en explique outre -mesure.

 

Les armées congolaise et zambienne se sont accrochées le long de leurs frontière commune. Il semblerait que la Zambie revendique un territoire présentement inclus dans les frontières de la République Démocratique du Congo. Hormis les informations fournies par quelques médias, très peu de detail sur cette affaire sont connues du grand public. Le régime de Kabila/Tshisekedi s’est gardé de commenter publiquement le dossier. Et les congolais sont en droit de se demander si le voisin zambien, pourtant réputé pacifique, constitue désormais une menace de plus pour la stabilité de la RDC.

 

A plusieurs reprises l’ECiDé a fait état de la présence au sein des Forces Armées Congolaises d’éléments perturbateurs ayant des allégeances autres que celle au drapeau national. L’épisode funeste des violences commises par les adeptes de Gédéon Kyungu au Katanga en est une preuve supplémentaire. Ce criminelle, réputé proche de l’ancien chef de l’Etat, aurait bénéficié de la complicité de plusieurs haut gradé de l’armée dans son expedition mortuaire du mois de Mars. L’ONG ASBL Justicia a “appelé le Gouvernement provincial du Haut Katanga à cesser d’apporter toute assistance à Gédeon Kyungu“. L’occasion pour nous de réitérer ici que tant que les ennemis de la République seront tapis dans les institutions notre pays restera à genou.

 

Colloque du 9 mars au Sénat français

Le Sénat français a organisé un colloque, dans l’hémicycle Médicis au Palais du Luxembourg, sous le thème “L’Afrique des Grands Lacs, 60 ans de tragique instabilité”. Le colloque a connu la participation de plusieurs personnalités et chercheurs qui travaillent sur la question des Grands Lacs.

 

6. Santé / COVID-19

 

Le désastre sanitaire à l’échelle mondiale

Depuis Décembre 2019, le monde fait face à une sérieuse crise sanitaire qui a déjà fait des milliers de morts  à ce jour. Partie de Wuhan, une ville du centre de la Chine, la pandémie de CORONAVIRUS s’est répandue dans les 5 continents à une vitesse vertigineuse et avec une virulence jamais observée dans le passé.

 

L’incompétence dans la riposte face au virus 

L’arrivée de la pandémie a mise à nue l’incompétence des “autorités. Successivement, des déclarations contradictoires du ministre de la santé,  l’annonce du confinement de Kinshasa puis son annulation ont sans doute contribué à la propagation du virus et à semer le doute dans la conscience de la population. 

 

Coronavirus : “Notre meilleur moyen d’enrayer la propagation du virus est la prévention”, Denis Mukwege

AFP – le 26.03.2020,

 

“Nous devons nous préparer au pire” car “nous n’avons aucune idée de l’ampleur de la propagation” du coronavirus en République démocratique du Congo, a déclaré mercredi le gynécologue Denis Mukwege dans un message de prévention et de soutien aux premières mesures prises par les autorités. Dans une vidéo, le prix Nobel de la paix 2018 souligne “l’absence des centres de test sur l’ensemble du territoire et des moyens pour mener des dépistages à grande échelle sur la population, tel que l’encourage l’OMS”. 

 

Mesures préventives d’hygiène contre la pandémie

Le 16 mars le Président Martin Fayulu, depuis les Etats-Unis où il séjourne, à relayer auprès de la population Congolaise, les mesures de précaution édictées par l’OMS.

 

Appel à la solidarité nationale

Cette démarche pédagogique a été suivie le 24 mars d’un appel à la constitution d’une Caisse de solidarité nationale gérée par une institution crédible : Caritas Congo ASBL.

Au 31 mars, 98 cas de coronavirus sont identifiés en RDC. Dans presque tous les autres pays Africains concernés par le virus, la communication au sujet de la crise est claire et l’autorité de l’Etat se fait plus ou moins ressentir. Tandis qu’en RDC, c’est toujours le tâtonnement, au risque d’exposer la population à une hécatombe  dans les jours à venir. Nous prions Dieu pour que cela ne soit pas le cas.

 

Conclusion

 

A la lumière des informations ci-dessus, on peut affirmer que le pays n’est pas géré et que la nation court un risque énorme, notamment face à la pandémie de COVID-19.

Fait à Kinshasa, le 31 mars 2020

 

Bureau d’Etudes et de Stratégies (BES)